enfant au sol qui pleure pres d'un enfant debout
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Faut-il apprendre à son enfant à répondre par la violence ? (Et ce que ça lui apprend vraiment…)

Frapper n’a jamais appris à un enfant à se faire respecter. Dans cet article, on explore pourquoi cette réponse automatique mérite d’être remise en question, et ce qu’on peut dire ou faire à la place.

C’est une réplique qu’on entend partout :

« Moi, s’il se fait taper, je lui dis de taper aussi. Faut pas se laisser faire. »

"Faut pas se laisser faire" : une croyance à déconstruire

Sur le papier, ça peut sembler protecteur, courageux. Mais dès qu’on gratte un peu, on voit apparaître une vieille croyance bancale : qu’être fort, c’est être capable de frapper plus fort.

Sauf que frapper n’a jamais été un signe de force. C’est souvent un réflexe de survie, un héritage culturel, ou une décharge d’émotions. Et ce n’est pas parce qu’on l’a vécu enfant qu’on doit le transmettre à notre tour.

En 2025, la société, la loi et les neurosciences convergent : la violence éducative n’est ni normale, ni efficace, ni tolérable. Construire une autorité respectée passe par le respect, la fermeté sans violence, et l’accompagnement bienveillant.

Alors pourquoi continuer un tel comportement à l’école ou ailleurs?

Et toi, tu fais quoi quand c’est un adulte qui se fait taper?

Et dans la rue, tu fais quoi ?

Imagine : tu es témoin d’une bagarre. Quelqu’un se fait frapper dans la rue. Tu réagis comment? Tu restes là à regarder ? Non. Tu appelles la police, tu t’interposes peut-être, tu sais que ce n’est pas normal.

Alors pourquoi, avec ton enfant, ce serait soudain « normal » de répondre à la violence par la violence ? Pourquoi, au lieu de chercher de l’aide, il devrait cogner?

Si tu ne tolères pas qu’un adulte se fasse frapper en public sans réaction, ne banalise pas ce traitement pour ton propre enfant.

Imagine : Ton patron t’humilie publiquement en réunion. Il te balance :

« T’as encore rien compris ou t’es juste lent ? »

Tu lui tapes dessus? Tu te sens compris ? motivé ? respecté ?

Non. Tu ressens de la colère, t’es mal, t’as envie de l’insulter. T’as plus confiance en lui.

Eh bien ton enfant, quand tu le gifles « pour qu’il comprenne » ou que tu lui dis « Tu comprends rien ou quoi ? », il vit la même chose. Sauf que lui, il n’a pas les mots, ni le recul, ni la possibilité de quitter son entreprise.

Il ne comprend pas. Il encaisse. Et il perd sa connexion avec toi.

Les conséquences invisibles de la violence éducative

Le cerveau de l’enfant sous stress : pourquoi la violence bloque l’apprentissage

  • Quand un enfant est sous stress intense, comme lorsqu’on lui crie dessus ou qu’on le frappe, son cerveau passe en mode alarme : c’est l’amygdale (la partie qui gère la peur) qui prend le contrôle.
  • Pendant ce temps, le cortex préfrontal (la partie qui aide à réfléchir, comprendre et apprendre) se déconnecte temporairement.
  • L’enfant ne peut plus analyser calmement la situation ni tirer des leçons. 

L’enfant ne « retient pas la leçon », il bloque. Il survit.

La soumission ou la domination

  • Frapper ne construit pas le respect. Cela forge la peur ou le pouvoir.
  • Soit l’enfant devient soumis, soit il reproduit ce qu’il a appris : « cogner pour exister ».

"Moi, on me frappait et j'en suis pas mort"

  • Non, tu n’es pas mort. Mais peut-être que tu as développé une dureté qui t’empêche de faire autrement.
  • Et c’est justement pour cela qu’il est urgent de rompre ce cycle.
  • Tu peux aussi lire notre article sur ces croyances limitantes qui sabotent son éducation
fille qui pleure dans la cour d'école

Frapper n’enseigne pas la force, mais la peur

Dire à son enfant de frapper en retour, c’est lui apprendre à être un mouton de Panurge dans la violence. 

Répondre, ce n’est pas riposter à l’identique. Réagir sans violence c’est poser une limite avec clarté et dignité :

  • « Tu n’as pas le droit de me frapper. »
  • « Tu m’as fait mal. »
  • “On s’exprime avec des mots pas avec des gestes qui font mal”.
  • « Je vais en parler à un adulte. »

Ce n’est pas de la lâcheté. C’est aussi un acte de maturité : reconnaître qu’on a besoin d’aide, c’est poser une limite claire face à l’inacceptable. C’est montrer à son enfant qu’on n’est pas seul, et qu’on peut mobiliser les bonnes ressources quand une situation devient injuste ou violente. Comme toi quand tu appelles la police quand tu assistes à une bagarre dans la rue.

🎯 Comment aider son enfant à réagir autrement (sans frapper en retour)

 

  1. Lui donner des phrases-clés simples à dire
    • “Tu n’as pas le droit de me taper.”
    • “Je vais le dire à un adulte.”
    • “Je veux plus jouer avec toi, tu m’as fait mal.”
  2. Lui montrer qu’il a le droit de demander de l’aide
    • Non, ce n’est pas “être une balance”.
    • C’est être responsable et poser une limite claire.                             
  3. L’aider à reconnaître ses émotions après coup
    • “Tu as eu peur ? Tu as mal quelque part ?” pour l’enfant qui a été frappé
    • “On parle avec des mots, pas avec des gestes qui font mal”, “tu as le droit d’être en colère mais taper sur un ami c’est NON” pour l’enfant qui vient de frapper
    • Valider son ressenti aide à ne pas tout garder en lui, et se sentir soutenu.
  4. Lui montrer d’autres façons d’exister sans cogner
    • Par le dialogue, le retrait, l’appel à un adulte.
    • Tu peux jouer des scénettes avec lui à la maison pour s’entraîner.
    • “T’es mon ami mais aujourd’hui, je n’ai pas envie de jouer avec toi”.
  5. Lui dire clairement qu’il a le droit de se défendre… mais pas de frapper
    • Se défendre, ce n’est pas toujours taper plus fort.
    • C’est parfois s’éloigner, dire non, ou chercher un adulte.

Répondre aux objections les plus courantes

« Si tu frappes pas, t’es un faible. »

  • Non. Demander de l’aide, poser une parole claire, c’est être fort autrement.

« Moi j’ai reçu des gifles et j’ai du respect »

  • Tu as du respect… ou tu as de la peur bien ancrée ?

« Un bon coup, ça remet les idées en place »

  • Un bon cadre calme, répété, ça remet les idées en place. Le coup, lui, détruit le lien.

« Tu vas en faire un fragile »

  • Tu veux préparer ton enfant à la violence… ou lui donner les outils pour ne pas la reproduire ?

En conclusion : La vraie force, c’est d’interrompre ce qu’on nous a transmis, pour offrir mieux à nos enfants.

Tes expériences, tes réflexions  

«Et toi, comment as-tu réagi la dernière fois que votre enfant a été confronté à la violence ?

💬 As-tu déjà hésité à dire à ton enfant de se défendre physiquement ?

Partage ton point de vue en commentaire : tu aideras sûrement d’autres parents.

Pensez-vous qu’il faut apprendre à son enfant à riposter physiquement ? Oui / Non / Ça dépend 

📜 Depuis juillet 2019, la France interdit officiellement les violences éducatives ordinaires (fessée, gifle, humiliation, etc.) dans le cadre de l’autorité parentale (loi n°2019-721).

https://www.unicef.fr/convention-droits-enfants/protection/la-violence-contre-les-enfants/

Voici quelques ressources d’experts:

  • Catherine Gueguen – “Pour une enfance heureuse” (sur les effets neurologiques de la violence)
  • L’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire : https://www.oveo.org 
  • Le rapport Unicef sur la violence éducative : https://www.unicef.fr
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